Vendre son entreprise, ce n’est pas juste une opération financière.
C’est une onde de choc émotionnelle, souvent sous-estimée, presque jamais anticipée.
On parle beaucoup du prix de vente. Rarement du prix intérieur à payer.
Pendant des mois, on est sous tension : négociations, projections, sueurs froides.
Puis un matin, tout s’arrête. Plus d’e-mails urgents. Plus d’équipe à gérer. Plus de raison de se lever à 6h.
Et là, le vide.
Ce que vous allez lire ici, ce sont les vraies étapes émotionnelles que traversent les fondateurs après un exit.
Excitation, stress, euphorie, chute, réinvention.
Rien de glamour. Tout est vrai.
1. Excitation et anticipation
Dès les premiers signaux d’intérêt, une montée d’adrénaline s’installe. On commence à se projeter : combien, quand, comment ? On se sent reconnu, validé, presque triomphant.
- Sentiment d’accomplissement après des années de travail acharné
- Adrénaline liée à la valorisation du fruit de son effort
- Impatience de franchir une étape décisive de sa trajectoire
On rêve de liberté, d’argent qui tombe, d’une nouvelle vie. L’esprit court plus vite que la signature.
2. Négociation et incertitude
Vient ensuite le ventre mou : le moment des doutes, des incertitudes, des multiples allers-retours avec les conseils et les acheteurs.
- Stress intense autour des clauses, du prix, des earn-outs
- Anxiété liée à l’issue : est-ce que ça va capoter ? Est-ce qu’on brade ?
- Peur de trahir : son équipe, ses clients, sa mission
Le process devient épuisant. Et tout le monde continue à faire semblant que "tout va bien".
3. Accord, soulagement, fierté
Quand le closing tombe, c’est un coup de tonnerre intérieur. Le corps relâche enfin la pression. On encaisse. On respire. On se redresse.
- Soulagement immédiat : c’est fait
- Libération brutale : plus d’e-mails, plus de salariés, plus d’urgences
- Sentiment de puissance : on a gagné, on a réussi
Ce moment est grisant. Mais il est souvent plus court qu’on ne l’imagine.
4. Manque, vide, down
Et puis le calme devient étrange. L’euphorie retombe. Et une forme de désorientation s’installe.
- Nostalgie des combats, des galères, des petits moments d’équipe
- Impression d’avoir perdu une part de soi
- Sentiment de vide, voire de chute psychologique violente
C’est paradoxal : on a voulu vendre. On l’a fait. Et pourtant… on se sent trahi par soi-même.
Selon certaines études, 8 entrepreneurs sur 10 connaissent une forme de "post-exit blues". Personne n’en parle. Tout le monde le vit.
5. Adaptation et transition
Il faut alors se réinventer. Recréer du sens. De la structure. Une mission.
- Apprivoiser un nouveau quotidien sans pression ni deadline
- Se poser de vraies questions sur son identité hors de l’entreprise
- Redéfinir ses objectifs, ses combats, sa contribution
Certains reprennent très vite. D’autres s’offrent une vraie pause. Mais tous finissent par devoir répondre à une question brutale : qu’est-ce que je fais de cette liberté que j’ai arrachée ?
Conclusion :
Vendre, c’est un sommet. Mais c’est aussi un début. Le plus grand piège, ce n’est pas de vendre. C’est de croire que le job est fini. Alors que tout commence.
Photo : Mike Yukhtenko